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de l’Exposition, m’avait raconté, au retour, la sensation d’écrasement ressentie par lui ; mais, républicain comme mon père, il voyait à cette Exposition quantité de mauvais côtés. Elle allait livrer le secret de notre fabrication, de nos modèles, ruiner le commerce des provinces, tous les badauds venant vider leur bas de laine pour acheter des choses parisiennes ou exotiques. Et puis cette inauguration grotesque « faisait rire de nous à l’étranger ».

« Plon-Plon n’y avait-il pas endossé un costume de général de division rapporté « intact » de Grimée ? » Il fallait voir avec quel sourire notre ami soulignait cet « intact ». Ceux qui ont vécu à cette époque peuvent seuls comprendre les allusions à la crainte des balles et aux maux que donne la peur contenus dans cet « intact ».

Et, ajoutait notre ami, tout cela n’est rien auprès du fameux discours de l’empereur à son cousin et se terminant ainsi : « J’ouvre avec bonheur le temple de la paix qui convie tous les peuples à la concorde. » Ah ! non, c’est trop fort ! répétaient les bien pensants comme nous ; oser dire cela durant cette interminable guerre de Crimée, quand on tue des Russes pour le bon plaisir des Turcs et qu’on se fait tuer au profit des seuls intérêts anglais. Parler de concorde et de paix en un pareil moment, n’était-ce pas jeter un défi à l’opinion ?

Et la preuve c’est que Napoléon III s’impa-