Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En une matinée, Hetzel a fait la conquête de mon père, de ma mère, ce qui n’est pas banal, celle de ma fille, très facile à l’aide de Mademoiselle Lili.

Hetzel a une communication particulière à me faire et qui m’émeut beaucoup. La communication est de George Sand. C’est une lettre qu’elle adresse à Hetzel, sachant qu’il s’arrête chez moi et qu’elle le prie de me lire. George Sand « tient à ce que le brave cœur qui a pris sa défense ne reste pas sous l’impression des vilenies qu’on débite sur elle depuis Elle et Lui ». Cette lettre est belle de révolte sincère. Elle y exprime la volonté de publier les lettres de Musset et termine ainsi un long plaidoyer : « Les lettres d’Alfred prouveront ce que j’ai cent fois répété, que je n’ai pas donné à un mourant le spectacle d’un nouvel amour. Je n’ai de ma vie trompé personne. J’ai pu être cruelle, jamais hypocrite, lâche et mauvaise. Je ne puis croire que, même avili par le vice, il ait dit, Lui, ce qu’on lui fait dire. »

« J’en témoigne, ajouta Hetzel, Musset n’a pas menti sur Elle comme on l’a fait mentir ! Nous étions liés de vieille date. Je l’ai souvent interrogé sur Mme Sand ; je voulais savoir ce qu’il pensait d’elle, lire au fond de son âme ; je lui en ai parlé vingt fois quand il était gris et qu’entre hommes, en cet état, on ajoute des glorioles à ses confidences. « Non, non, rien de George, tais-toi, » me répondait-il. Un soir, rue