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la bonne parole ! qui exige de celui qui la porte la loyauté, la conviction, la foi dans le bien qu’elle peut faire. »

Hetzel, en allant à Bruxelles, m’apporte le premier volume de mon Mandarin, qu’il a bien lancé, me dit-il, et qui rend à cause des personnalités anonymes dont on devine aisément les figures et les noms.

Que de choses il me conte : la première des Effrontés, d’Emile Augier, grand succès. À la représentation Sarcey l’a prié de le rappeler à mon souvenir et de me dire de lire son prochain feuilleton, qui sera « très bien » et me donnera l’idée complète de la pièce « comme si j’y étais ». Hetzel a déjeuné la veille au café du coin de la rue du Bac avec Toussenel, qui l’a chargé de m’embrasser… les mains. Courbet était là ; ils se querellaient ; Toussenel a insisté pour qu’Hetzel me répète un mot de Mirés qui court :

« Si la France tarde trop a enrayer l’action des Rothschild, elle n’aura plus dans cinquante ans de corde pour se pendre. »

Toussenel me viendra voir si mon père l’invite.

« Aujourd’hui même, » s’écrie papa.

Hetzel apporte à Alice toutes les Mademoiselle Lili possibles. Ma fille lui conseille de faire toujours beaucoup de livres comme ça et de toujours les lui donner. Il le promet.

« Petit pruneau, lui dit-il, vous serez bien jolie dans dix ans, je vous le prédis. »