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être l’aura-t-il pour ceux qui le liront, un intérêt d’actualité vivante.

Toutes les lettres que je reçois ont une importance comme manifestation d’opinion et passionnent mon père ; il s’habitue peu à peu à vivre de ma vie ; quand je l’arracherai à la sienne il en souffrira moins.

Carnot a parlé à Eugène Pelletan de sa grande discussion avec Girardin et du « papier » que de Ronchaud m’a envoyé.

« Nul ne se croit plus libéral que moi, m’écrit Pelletan, mais je me méfie des « pluralités » de la liberté : liberté de ceci, liberté de cela ; ce sont des mots que la liberté contient tous quand elle existe. Or, l’Empire ne peut nous donner que des libertés. Ollivier procède à rebours ; il croit ou feint de croire, pour se glisser au pouvoir à l’aide de sa formule, que des libertés additionnées nous donneront la liberté ; je dis ; Non. Elles créeront un état politique qui pourra se définir sous le titre de libéralisme impérial, vous entendez, impérial ! L’Empire libéral serait autre chose, ce ne serait pas la liberté qui s’impérialiserait, mais l’Empire qui se libéraliserait. J’aimerais ça, car la marche en avant s’imposerait, et un beau jour la liberté entraînerait l’Empire aux abîmes.

« L’état actuel de la politique, ma chère amie, avec son imperceptible éclaircie, nous invite à batailler de plus belle, par la presse, par les livres, par la parole, et par elle surtout :