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léon pêcheur en eau trouble. Est-ce vrai, Girardin, que votre prince va fonder un journal ayant pour titre : l’Humanité ? Rien que cela ! Il paraît qu’Ollivier fait croire à votre Empereur que l’aurore de la réconciliation de tous les partis se lève, que la paix va régner sur la France…

« — Et ne trouvez-vous pas naturel, répliqua Girardin, moitié sérieux, qu’Emile Ollivier soit prédestiné à présenter les rameaux, symbole de paix ? Vous aurez beau faire, il est l’homme du jour, les jeunes se groupent autour de lui, lui font cortège…

« — Excepté ceux qui s’en éloignent. Ollivier pour moi est un ambitieux effréné et un médiocre, votre Empereur un médiocre, votre prince Napoléon un médiocre.

« — Non, pas celui-là ! s’écria Girardin, c’est à lui que la France doit d’être délivrée de son mutisme. L’initiative, l’initiative, répète chaque jour le prince Napoléon, il n’y a que cela, et il faut la développer par tous les moyens ; c’est la soupape — il est comme moi pour les soupapes — c’est le tréfonds des doctrines politiques faites pour grandir un pays. Est-ce que de telles paroles sont d’un médiocre ? Quant à Emile Ollivier, il est admirable de diplomatie, comme il a été admirable de courage en 1848 à Marseille. Vos Edmond Adam, vos Bixio, montant à l’assaut d’une barricade avec leur canne, sont de simples conscrits auprès d’Ollivier fai-