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la République n’aurait ni déclaré la guerre à la Chine ni laissé complimenter nos soldats sur le pillage du Palais d’Eté.

« — Ah ! mais, la « corruption impériale », répliqua Girardin, il faut bien qu’elle filtre quelque part ; c’est entendu, nous sommes tous pourris. Ainsi moi, j’ai écrit a mon ami l’amiral Coupevent-Desbois de me rapporter ma petite part de butin.

« — Vous êtes l’un des plus coupables, vous, Girardin, avec vos alternatives d’opposition et de ralliement, reprit Carnot. Un élégant faisandage comme celui de Morny a du goût pour vous. Vous aimez les manieurs plus ou moins véreux de l’opinion, comme vous aimez les manieurs d’argent. La corruption impériale et les mœurs qu’elle suscite ont pu seuls permettre à des banquiers israélites d’acheter vos journaux, comme Millaud, de marier leurs filles à des princes, d’avoir des passages qui portent leur nom, comme Mires. Ne comprend-on pas que leur valeur exceptionnelle est de duper ?

« — On les emprisonnera, tout comme les autres.

« — Parce que de plus riches et de plus puissants qu’eux l’exigeront.

« — Comment ! vous n’êtes pas content ? s’écria Girardin. Vous ne triomphez pas suffisamment de « la spéculation éhontée ». Tous les satiristes sont avec vous. Le théâtre regorge de pièces à succès contre les questions d’argent,