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Mme d’Agoult, et vulgaire. Son front trop large, sa figure à angles droits, masculinisée par une pensée sans cesse combative, sont, à première vue, rien moins qu’attrayants. Brusque, la parole tranchante ; bourrue même, quand on lui déplaît, et elle vous le déclare sur l’heure, c’est avec un véritable mépris qu’elle voit deux femmes causer entre elles, avec dégoût qu’elle les voit s’embrasser. Elle me tolère parce que je parle allemand et que, pour Mme Ackermann, il n’y a que l’art, que la littérature, que les lettres, que la science, que la philosophie de l’Allemagne.

« Elle n’est curieuse que des jeunes cerveaux et de leurs évolutions, dit-elle. Vis-à-vis des jeunes elle se plaît quelquefois à provoquer l’admiration par son savoir plus que la stupéfaction par ses révoltes. »

Etant sur le chemin de Bruxelles, ma cousine Vilbort vint me voir en y allant, le surlendemain même de mon arrivée à Chauny, car je n’avais pu la trouver au moment de mon départ, et elle s’inquiétait.

Je lui dis ce que je pouvais lui dire sur ma demi-liberté reconquise, et elle fut charmante pour moi et pour les miens.

Mon père écrivit à Grévy et le remercia de s’être fait le champion de sa malheureuse enfant, heureux, disait-il, de voir ma cause entre les mains du plus honoré parmi les républicains. Mon père ajoutait qu’il ne doutait pas qu’un