Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mon père accepte toutes les idées sociales des fouriéristes, mais aucune de leurs formules de morale, qu’il range sous une seule étiquette, et avec quelle terreur : la papillonne ! Chaque fois que je le quitte pour aller à Paris, il ne manque pas de me dire : « Surtout ne te laisse jamais séduire par les mensonges déshonorants de la « papillonne », et il entend par là l’abandon du ménage, quel que soit ce ménage.

— Mais, pourtant, si le phalanstère était accepté par la société ?

— Mon père dit que la société épluche tous les systèmes ou philosophiques ou sociaux et qu’elle ne les accepte jamais en entier. Elle ne prend à chacun que ce qu’elle peut assimiler, et c’est toujours ce qu’il a de plus moral.

— Il y a du vrai.

— Et puis il est hanté par l’idée que ce qu’on ne fait pas strictement comme tout le monde dans la vie conjugale devient du « roman », et ce mot de roman, qui lui rappelle les idées et les erreurs de jugement de ma grand’mère, l’affole.

— Bien ! Nous verrons si le « toqué » réussira là comme ailleurs. »

Arlès-Dufour dépeignit à mon père tout ce que je lui avais caché de mes chagrins, des luttes qui ébranlaient ma santé, des dangers que court à Paris une jeune et jolie femme mal mariée, des « romans » qui la sollicitent.

Il dicta à mon père ce qu’il appela sa « bonne conduite future » à l’égard de son enfant, qui