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Berlioz à la jeune fille aimée et la lisait à la fin de son récit de façon si touchante que les larmes en venaient aux yeux.

Décidément, la nièce de M. de Lamartine avait tous les genres d’esprit et toutes les sensibilités de cœur.

Et, le lendemain, j’allais répétant à tous nos amis : « Faites-vous donc conter par Mme de Pierreclos le Voyage de Monsieur Perrichon et le premier amour de Berlioz. »

Mme d’Agoult quittait une seconde fois Paris pour Nice, et son départ me fit un plus grand chagrin encore que l’année précédente, malgré l’appui qu’elle me laissait en Jules Grévy, au milieu de mes épreuves conjugales. Arlès-Dufour, en l’absence de Mmed’Agoult, était mon grand réconfort : Jules Grévy le chargea d’aller convaincre mon père, qui s’opposait à ma demande en séparation, déclarant avec un entêtement, lequel devenait inexplicable lorsqu’on le jugeait sur ses opinions avancées et non sur ses idées provinciales arriérées, qu’il n’admettrait jamais « un scandale » dans la vie de sa fille.

Au moment de partir pour Chauny avec cette mission, Arlès-Dufour me dit :

« Mais enfin votre père est phalanstérien.

— Oui.

— Les disciples de Fourier ont l’esprit aussi libre que nous en ce qui concerne le mariage éternel avec un conjoint indigne.