Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Michelet furieux, vous savez bien que sous l’Empire il n’y a pas de justice pour un homme tel que moi. Hors d’ici ! J’use de mes droits de père.

« — Monsieur, répliquai-je, votre fils était majeur, il a voulu être enterré chrétiennement, il le sera. J’ai été son ami le plus intime et je sais que vous avez, de son vivant, fort mal accompli vos devoirs de paternité. Ce n’est pas le moment d’invoquer vos droits.

« — Vous êtes un polisson !

« — Vous un sectaire doublé d’un malfaiteur. On ne se livre pas à des vociférations semblables devant le cadavre d’un fils. Apprenez que, moi, je vous rends responsable de cette mort. »

« À ce moment M. Michelet fit un geste malheureux qui nous parut une insulte. Quatre bras le saisirent, le firent pirouetter, tandis que l’un de nos camarades le poussait vers la porte.

« La logeuse, qui était propriétaire des bains Kléber, ayant ouvert l’huis, M. Michelet en profita pour disparaître. Un détail secondaire s’est effacé de ma mémoire. Qui a payé l’enterrement ? Je ne le sais plus. Un bruit répandu à Strasbourg prétendit que ce furent les jésuites ; mais les pères le démentirent. Cependant je crois que c’est l’un des révérends, le père de Franciose, qui avait administré le jeune Michelet.

— Michelet était double, ajouta Mme d’A-