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femme, espèce de monstre à l’époque lacustre, à ce qu’elle est aujourd’hui ! Alors, que ne peut-elle devenir ? Qu’était-elle déjà à Athènes, en Gaule ? Que sera-t-elle dans cent ans lorsque l’harmonie régnera sur la terre ? »

En quittant Toussenel j’étais allée rejoindre Mme d’Agoult à sa promenade. Elle aimait à la faire avec une ou deux amies. Je la trouvai accompagnée d’une personne dont elle m’avait parlé, l’une de ses relations de Nice, un jeune diplomate de grand avenir qui nous pria de ne pas le nommer, si nous écrivions un jour ce qu’il nous dit alors.

Sachant ce que ma grande amie pensait de la Femme de Michelet, je lui contai la révolte de Toussenel.

« Cette conception de la femme malade, ce parti pris d’inférioriser un sexe qui affirme chaque jour sa valeur, continue à m’indigner moi aussi, » reprenait Mme d’Agoult.

Notre diplomate paraissait fort au courant des faits et gestes et du caractère de Mme Michelet.

« C’est l’habileté personnifiée, que cette « jeune épouse », nous dit-il. Elle fait faire de mauvais livres à son mari, mais elle lui fournit l’occasion d’écrire de belles pages sur les sentiments d’un homme d’âge revivifié par l’amour.

— Ce livre, répliquait Mme d’Agoult, m’inspire une sorte de répulsion. Déjà Michelet historien m’inquiète par la magie et la passion de