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prenant jamais celui qui écrit ou parle, comme il se comprend lui-même. »

J’avais lu Mlle  Clémence Royer et médité sur « la pénétration de l’esprit par la matière et de la matière par l’esprit ». Je lui trouvais surtout l’art de l’agencement des mots comme dans cette formule :

« Tout esprit est corps, tout corps est esprit, animant une entité unique par son essence, multiple comme nombre. »

La grande philosophe affirmait que Descartes s’est trompé, qu’il a mal posé la question, que la matière n’existe pas plus que l’esprit. Le matérialisme paraissait grossier à Mlle  Clémence Royer, le positivisme une étape vers une évolution supérieure définie par elle, Clémence, étape qu’elle avait accomplie et qui s’appelait le « monisme ».

Quand je demandais à Mme  d’Agoult si elle devenait « moniste », elle me répondait par un « Eh ! eh ! » qui signifiait : « Peut-être bien ! »

Mlle  Clémence Royer était une traductrice admirable. Elle avait, en dehors de ce talent, plus de facultés de démolition que de valeur créatrice, tout comme son rival Proudhon.

Durant notre saison à Pierrefonds, nous reçûmes un tas de lettres sur le « scandale du Vaudeville ». Une pièce insensée, en trois actes, y avait été jouée à la fin de juillet, ayant pour titre : Ce qui plaît aux Femmes. C’était un méli-mélo extraordinaire de tous les genres. On y