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passion qu’éprouvait Auguste Comte, mais « le contact positif d’une intelligence supérieure ». Et il racontait des histoires sans fin sur la chasteté du maître.

« Chasteté involontaire, répliquait l’auteur de mes jours, idéalisme subi à regret, continence douloureuse, trop souventes fois reprochée à la belle, non sans aigreur, mais imposée par une femme habile et romanesque qui se fait tailler une légende par une vieille âme subornée. »

Mon père avait découvert un livre qu’il m’apporta et qui devait, me dit-il, nettoyer mon esprit de toutes les insanités trop positives du comtisme. C’étaient les Poèmes antiques de Leconte de Lisle. Nous ne tarissions pas sur la beauté de cette œuvre, dont les plus hautes inspirations étaient puisées aux pures sources homériques.

Je voulus la faire admirer à ma tante Sophie, mais elle avait lu quelque part que ce « jeune auteur » appelait Virgile « un byzantin », et écrivait que les Romains, comme civilisation, valaient les Daces ; et elle refusa d’en lire une seule page.

« Ce môssieu, dit-elle, prétend que la poésie a perdu son sens depuis les Grecs jusqu’à lui. Lamartine, Victor Hugo, Musset, pour ne parler que des actuels, ne sont rien, paraît-il, d’après cet infatué ; ne m’en parlez pas, ma nièce, ne m’en parlez pas ! »