Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tra, à un moment donné, Berlioz applaudissant.

« Il est pris malgré lui, me dit-il. Je comprends son irritation contre les partisans de Wagner qui ont le tort de croire que, pour admirer le nouveau, il faut courir sus à l’ancien et faire d’une évolution un système. Alors les gens s’imaginent être en face d’un plaidoyer et dans la nécessité de prendre parti pour ou contre.

— Les vrais musiciens prennent à cette heure parti pour Wagner et contre tous les autres présents et futurs, répéta Mme Vilbort.

— Voilà comme il sont, » répliqua Challemel en riant.

C’est Challemel qui avait traduit à Zurich Tristan et Yseult, et l’on prêtait à son ami Herwegh un joli mot :

« Challemel, au contraire des autres traducteurs qui sont des traîtres, sera un bienfaiteur ; coûte que coûte, il éclaircira les obscurités de Tristan, et avec lui on saura ce que Wagner a voulu dire. »

Hans de Bulow pardonnera d’autant moins à Berlioz sa dureté envers Wagner, que Listz, à ce moment, faisait étudier à Weimar l’Enfance du Christ et la Damnation de Faust. Je ne sais si ce qu’on dit alors était vrai, qu’il essaya d’empêcher ces représentations, mais quand il s’agissait de Berlioz, on ne pouvait influencer ni Listz ni la princesse Caroline Sayn-Wittgenstein.

Berlioz, quand sa Damnation de Faust fut