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Dufour, mais Votre Majesté sait bien qu’il n’y a que les toqués qui réussissent. »

L’Empereur éclata de rire. Il se leva en disant :

« Sortez, impertinent, et ne revenez que demain à deux heures ! »

L’histoire amusait beaucoup Arlès-Dufour, ravi, disait-il, de nous la servir toute chaude.

Mme Charles Reybaud parlait Provence avec Arlès-Dufour, qui y était né et l’adorait, avec Louis Jourdan, Provençal comme elle-même. On causa de Marseille, et bientôt de proche en proche du canal de Suez, dont les travaux étaient commencés. Ce fut un déchaînement. Sauf moi et M. de Girardin, tous étaient saint-simoniens, et qui pis est, M. de Girardin se glorifiait d’être l’ami le plus intime de M. de Lesseps.

« Lesseps est abominable, disait Lambert-bey, d’avoir détourné à son unique profit les travaux des saint-simoniens. Je faisais partie de la mission, je sais comment Enfantin et les ingénieurs parmi nous ont travaillé. Tout nous appartenait dans ce projet, et Lesseps, en nous le prenant, a commis là une mauvaise action qui lui portera malheur. »

Girardin passait à bon droit pour l’ami le plus courageux qu’on pût avoir.

« Sans doute, les saints-simoniens, dit-il, comme beaucoup d’autres avant eux, ont étudié un projet du canal de Suez et relevé des plans ;