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thèque de mon mari, je ne lui en parlai pas tout d’abord ; cependant un jour je le questionnai sur le grand maître du positivisme.

« Ah ! celui-là, me dit-il, je l’ai en particulière exécration. C’est un homme à enfermer. Il a été fou, d’ailleurs, de 1826 à 1828. Le saint-simonisme lui avait déjà détraqué la cervelle. Il a fait des cours d’astronomie populaire qui l’ont achevé. Le calcul des probabilités a toujours été au-dessus de ses moyens. Sa religion de l’Humanité n’a qu’un but, c’est de faire de lui un Pape. Ses lettres sont rédigées comme des brefs pontificaux. Rue Monsieur-le-Prince, où il habite, il a un autel et il en vit. Il se fait nourrir par le culte qu’il a inventé. Avouez qu’il est plaisant de trouver un homme qui « remise » toutes les religions anciennes et modernes, et qui en sort une de sa poche au bon moment, fondée à son seul profit. Avec cela, ce matérialiste, ce positiviste est devenu mystique et amoureux platonique de Mme  Clotilde de Vaux. C’est un farceur ! »

Quelques discussions plus aigres entre mon mari et moi suivirent les révélations de mon ami le bibliothécaire.

Quand la maison n’était plus tenable, j’allais passer quelques jours chez mes bien-aimées tantes, Chivres n’étant qu’à quelques lieues de Soissons ; ma fille y gagnait une santé meilleure et beaucoup de plaisir à cause de l’âne Roussot, des poules et des lapins.