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d’Agoult, j’avais été invitée à aller entendre Hans de Bulow, l’incomparable pianiste, gendre de Listz et de Mme d’Agoult, car il a épousé leur fille Cosima.

Je connais M. de Bulow, que j’ai vu plusieurs fois déjà chez Mme d’Agoult. C’est un artiste exceptionnel, le premier après Listz. Il se dit un homme heureux ; il a une femme de valeur rare et quatre filles qu’il adore.

Nous entendrons aussi le fameux compositeur, dont on parle tant chez Mme Vilbort, que Listz et Hans de Bulow trouvent génial, dont on joue les opéras avec succès dans toute l’Allemagne, surtout à Weimar et à Berlin : Rienzi, le Vaisseau-Volant, Lohengrin, Tannhauser. Ses partisans le déclarent un précurseur, comme nous disons de Berlioz. On les oppose l’un à l’autre ; mais Berlioz est l’initiateur, le premier en tête, et il laisse les fanatiques de Wagner répandre le bruit que, seul, il apporte au monde la « musique de l’avenir ». Pour les uns, ce mot est devenu une critique, pour les autres, une louange.

Hans de Bulow nous a parlé de Wagner comme d’une victime de la tyrannie saxonne, comme d’un démocrate, comme d’un révolutionnaire. Sauf le maître de la maison, M. de Charnacé, qui est, dit-on, légitimiste, quoique très mêlé à la vie des lettres et des arts, nous sommes environ vingt-cinq personnes, en majorité républicaines. M. de Bulow sait bien