Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dumas fils lui paraissait un philosophe, un romancier remarquable, mais étranger au théâtre. Il s’emportait en parlant du Fils naturel.

« Mais oui, répliquait About, tu es un bourgeois, tu fais corps avec cette caste précieuse, équilibrée, que la France perdra trop vite, qui est par-dessus tout sensée, qui a ses traditions savantes, que les mots emphatiques ne dirigent pas, dont Rabelais, Voltaire, Montaigne, Racine, Molière, sont les maîtres préférés.

— Pardon. J’ajoute Boileau, s’écriait Sarcey. Et… Corneille.

— Boileau, c’est ton assiette, reprenait gaiement About. Corneille, c’est le seigneur du château que tu es fier de saluer, mais qui a tout de même trop de genre pour toi.

— Insolent !

— Vrai, Sarcey, vous oseriez dire que vous préférez les Lionnes pauvres au Fils naturel ? demanda Jourdan.

— Oui, j’ose le dire. Même pour une collaboration, Augier est le premier entre les premiers écrivains de théâtre. Dumas est éblouissant, il a autant d’esprit qu’About ; mais, dans sa moralité, sa sensibilité, son cœur, il est immoral, fantasque, personnel et sec.

— Sarcey de Suttières, dit About, tu es logique et injuste, tu es entêté et enthousiaste, tu enfonceras les Janin, les Gautier, les Saint-Victor. »