Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils ont du métier, un grand talent si l’on veut, mais pas de valeur, parce que la valeur s’appuie sur la sincérité et que ce sont des farceurs qui veulent stupéfier le monde, des impuissants qui démolissent pour démolir ! »

Vilbort s’en était allé à des affaires urgentes et ne revint que pour le dîner.

Cette journée, passée dans un ravissant jardin par un très beau temps, fut exquise. About et Sarcey étaient heureux de deviser ensemble, écoutés par un homme de valeur comme Louis Jourdan, dont la bienveillance quasi paternelle leur était assurée, et par deux jeunes et, pourquoi ne pas le dire, deux jolies femmes avec lesquelles leur esprit coquetait.

Sarcey avait une phrase qui, placée en chute inattendue dans la conversation et prononcée d’un ton moitié naïf et moitié plaisant, provoquait chez About l’un de ces bons rires que les scies répétées font éclater entre amis. Cette phrase était : « J’aime mieux Boileau ! » Et avec quel esprit Sarcey la redisait !

On parla de théâtre. Et About loua le critique dramatique de l’Opinion nationale de façon inoubliable. Je n’ai jamais lu ou écouté Sarcey, depuis, qu’avec le souvenir des jugements si fraternels et si clairvoyants portés par About sur lui.

« C’est un critique de premier ordre, cet animal-là, disait About, il est de la grande lignée ; il aura une influence sur son temps, sur