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nous nous sommes donné rendez-vous. About est déjà là avec son très cher ami Sarcey de Suttières, pour lequel il a demandé une invitation et qu’il vient de faire entrer comme critique dramatique à l’Opinion nationale. Sarcey a déjà écrit ses Premiers lundis avec succès.

On ne peut s’imaginer le contraste qu’il y avait alors entre About et Sarcey. Ce dernier, aussi provincial, aussi doctoral par la tenue, par la façon de causer, qu’About était boulevardier « second Empire ».

Liés très jeunes, leurs esprits se juxtaposaient merveilleusement, surtout dans la contradiction, ni l’un ni l’autre n’ayant le moindre souci de soi, mais au contraire étant préoccupé de faire briller son ami.

L’admiration tendre de Sarcey pour About le rendait sur l’heure sympathique. Sa physionomie s’illuminait lorsque son « vieux camarade », c’était alors l’un de ses termes favoris, jetait dans la conversation quelque trait imprévu et brillant auquel il était impossible de ne pas applaudir, soit par une exclamation involontaire, soit par un franc compliment.

Il semblait que Sarcey eût médité cette phrase de Germaine, le livre d’About qu’il préférait à tous : « Nous remercions intérieurement celui qui nous force à débiter notre tirade favorite ou à raconter l’histoire que nous disons bien. »

Vilbort excellait, en bon étranger, à poser des