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Décembre s’est conservée intacte, s’est accrue même, à l’étranger.

Durant les quelques semaines qu’il passe en France, Challemel-Lacour se dit écœuré des accommodements qu’il constate dans les relations des sermentistes avec l’Empire.

« Je comptais bien marcher à Paris sur du fumier, écrit-il alors, mais c’est la putréfaction liquide que j’y découvre. Comment assainir un pareil milieu, à quoi servirait mon minuscule désinfecteur personnel ? »

Challemel-Lacour oublia cette première impression lorsque, après avoir fait accepter, non sans peine, sa démission de professeur à l’Ecole polytechnique de Zurich, il rentra à Paris et comprit quel affinement l’esprit peut trouver dans une lutte contre la servilité politique.

« La pensée vole haut, lorsqu’elle échappe difficilement à ce qui l’enserre, elle a plus d’élan, » disait-il quelques mois après.

Le Deux-Décembre avait trouvé Challemel-Lacour professeur de philosophie en province. Après sa sortie de l’Ecole normale il enseigna d’abord à Pau, puis à Limoges, où il essaya d’ameuter les paysans d’alentour contre « la tyrannie napoléonienne. » Emprisonné, puis exilé, il ne songea plus qu’à compléter par l’étude son savoir déjà grand, qu’à développer son art oratoire par des conférences en Allemagne, en Belgique, en Suisse. C’est dans ce dernier pays qu’il fit les éloquentes leçons