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au prince Napoléon, About le rallié à l’Empire, le seul « jeune » qui ait mis sa plume au service du régime impérial. C’est lui en personne !

Avant l’expédition d’Italie, je serais certainement sortie d’un salon où j’aurais rencontré Edmond About. N’a-t-il pas renié les principes d’indépendance personnelle et de liberté sans lesquels un écrivain moderne ne peut inspirer le respect de son caractère ? N’a-t-il pas fait la Grèce contemporaine et le 'Roi des Montagnes, pamphlets abominables contre mes Grecs, contre un peuple qu’un quart de siècle à peine sépare de quatre cents années d’esclavage, dont les mœurs n’ont pu cesser d’être en un jour des mœurs de révolte, de partisans, puisque la veille encore ce peuple était traqué par l’ennemi le plus cruel que puisse avoir un vaincu.

Mme  Vilbort, très liée avec About, s’était dit que notre admiration commune pour l’armée d’Italie nous empêcherait de nous dévorer, et nous réunit sans nous prévenir.

À peine la conversation devient-elle générale que nous nous criblons de pointes, About et moi. Charles Edmond et les autres amis de Mme  Vilbort, parmi lesquels Louis Jourdan, rédacteur au Siècle, qui tous les jours attaquait si brillamment Louis Veuillot, tous s’amusent des ripostes échangées entre About et moi, et où pas mal d’esprit est dépensé.

« Que dit le gendre du caporal des zouaves de la paix de Villafranca ? demandai-je à About.