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ceux qui trompent et égarent le peuple au nom d’un progrès factice. La liberté ne me semble praticable qu’avec le règne des supériorités, non des égalités, qu’avec les progrès en science et en art sacrés, comme disaient les Grecs ; j’ajoute que la liberté n’est possible qu’à l’aide des sentiments évangéliques. Je voudrais dans notre pays voltairien, hélas ! et sceptique, dont l’âme se désagrège, dont les idées classiques et l’esprit de race se perdent, voir faire une ardente campagne, en faveur de nos deux religions, la mienne pour l’âme et la religion païenne de Ménard pour l’esprit.

— Que nous sommes loin de tout cela, mon cher Saint-Victor, reprenait Ménard. Les pires ennemis de la France française raillent les dieux comme aux derniers jours d’Athènes ; ils travaillent à détruire notre idéal intellectuel et tout ce qui alimente notre domination artistique sur le monde entier. »

Mme  d’Agoult souriait en me regardant.

« Après qu’un juif allemand a osé faire de mes dieux grecs des réalités grotesques, continuait Ménard, vous verrez, Saint-Victor, votre dieu humanisé, Jésus de Nazareth touché de quelque façon pour plaire aux désagrégateurs de toutes traditions. Remarquez, ô mes amis, que les pourvoyeurs de l’internationalisme, chez nous, s’écrient chaque matin : « Qui de nous, qui de nous va détruire un dieu ? » On ne respecte plus que le veau d’or.