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dont Victor-Emmanuel dispose en face de celles de l’Autriche ? La France latine éprouve une angoisse douloureuse et croit entendre des milliers de voix crier : « Au secours ! »

Mme d’Agoult m’emmène à l’ouverture du Salon. Les expositions de peinture l’intéressent fort et elle a écrit plusieurs fois dans de grandes revues le Salon. Tout le Paris artistique et littéraire est là ; de Ronchaud nous accompagne. Il me désigne et me nomme les peintres et les écrivains connus qui viennent en foule saluer Daniel Stern. Plusieurs questionnent de Ronchaud sur moi et se font présenter.

J’avais une robe très simple de taffetas noir, sans autre ornement que des manches pagodes de dentelle blanche et un fichu de chantilly noir. Un chapeau de paille d’Italie, avec une touffe de bleuets et des brides de velours noir, complétait ma peu voyante toilette. Mais j’ai le souvenir que tout cela n’allait pas trop mal à ma personne blonde.

Daniel Stern avait conservé sa beauté sous sa couronne de cheveux blancs. On nous remarquait toutes deux ; Maxime du Camp quitta un instant le bras de Mme  Delessert pour venir demander à Mme  d’Agoult qui j’étais.

On se pressait avec curiosité devant le grand tableau de Gérôme, la Mort de César, mais il