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disproportionné, comme elle l’avait été, lui vivant.

Or, que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ? Je songeais, je lisais, j’essayais d’écrire. Quinze mois après mon mariage j’avais une joie, la plus grande de ma vie, j’étais mère.

La naissance de ma fille réconcilia mon père et mon mari. Je nourrissais ma mignonne Alice, bien fragile, hélas ! Auprès d’elle je travaillais, ou bien j’allais la promener, tel temps qu’il fît, dans le jardin de la petite tante Vatrin.

Celle-ci louait une partie de sa maison à l’organiste de la cathédrale, M. Riballier, compositeur de mérite.

M. et Mme  Riballier, sans enfants, s’étaient pris de passion pour ma toute petite fille et pour moi. Lui, complétait mon éducation musicale. Elle, amusait mon Alice avec des joujoux toujours nouveaux.

J’apportai un jour à M. Riballier une pièce de vers : Myosotis. Il la trouva jolie et noua d’un ruban mélodique mon petit bouquet. Puis il fit éditer ce Myosotis chez Heugel, à Paris. Oui, à Paris ! Je me vois encore chantant le Myosotis que je savais par cœur, mais tenais en mains, couvant des yeux la romance éditée.

M. et Mme  Riballier recevaient les châtelains des environs de Soissons en été. Le « merveilleux organiste », comme on l’appelait, donnait des leçons aux jeunes filles et aux jeunes gens des grandes familles d’alentour. Chaque se-