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marquise de Gallifet et l’autre Mme Erlanger. Elles venaient faire faire leur photographie. Je demandai à Adam-Salomon de rester pour les mieux voir. Il me désigna comme « la dame qui l’aidait pour ses poses », et je l’aidai en effet si bien qu’il me proposa de me garder « comme dame de pose ».

Cette année-là, Adam-Salomon renonça à mon buste, mais plus tard, alors qu’il habitait rue de la Faisanderie, il obtint de moi que je me laisserais mouler la figure. Ce fut atroce. Je crus étouffer. Le poids du plâtre me brisait la tête. Mes sourcils et mes cils faillirent être tous arrachés. L’angoisse de quelques secondes, durant lesquelles Adam Salomon troua mes narines et fendit mes lèvres et où je respirais à peine, me poursuivit durant des mois.

Je comprends qu’on attende leur décès pour mouler la tête des gens.

Adam-Salomon me fit jurer de ne dire qu’après sa mort qu’il avait fait mon buste d’après un moulage. Je le lui jurai.

La propagande en faveur de l’unité italienne pénétrait dans tous les milieux. L’Italie une ! était devenue un dogme aussi bien pour les sermentistes que pour les abstentionnistes et pour les habitués du «Palais-Royal», où trônait,