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tume de Marat et me pria de prendre celui de Charlotte Corday.

Mme  Adam-Salomon m’aida à confectionner mon bonnet et mon fichu. Adam-Salomon, avec ses doigts noirs de collodion, chiffonnait mon bonnet malgré nos cris, mais nous aida cependant à lui donner du caractère. Il fit une photographie de moi en Charlotte Corday, qui réussit et eut grand succès.

Le grand atelier de Mme  O’Connell était place Vintimille.

Le soir du bal, Adam-Salomon et moi nous faisons notre entrée bras dessus, bras dessous : Marat tient une corbeille pleine de sucre d’orge ; j’en ai une remplie de petits pains avec une terrine de volaille au milieu. Le bal est un pique-nique et chacun doit apporter sa quote-part.

On pille les petits pains de Charlotte et les sucres d’orge de Marat ; je porte au buffet la terrine.

Edmond Texier, en Charles 1er , demande à faire un discours. « Avant d’être guillotiné, dit-il, je veux prédire l’avenir de votre pays, ô Français ! Les jacobins de l’avenir vous offriront des sucres d’orge et les justiciers le pain quotidien. » Et il continua son discours en anglais.

Les extravagances ont commencé. Tout le monde s’interpelle et l’on pose des questions aux gens dont les costumes soulignent le drolatique des réponses.