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la mort, j’en suis certain, succède un état délicieux de bien-être immatériel, une ineffable sensation de bonheur, d’épanouissement de l’âme flottante dans l’éther, débarrassée enfin de sa gaine de chair altérable et putrescible.

— Voilà un méli-mélo de phrases à effet, répondit Courbet, qui ne te servira pas à grand’chose quand tu me parleras de ta Grèce, de tes dieux matérialisés dans l’Olympe et de tes bonshommes célèbres de Rome ou d’Athènes qui promènent leurs ombres épaissies dans tes champs Élyséens.

— C’est toi qui fais ce méli-mélo. Tu ne peux rien comprendre aux figurations mythologiques, modèles éternels de l’art et de la croyance religieuse. Tu nies l’âme, probablement par la raison bien simple que tu n’en as pas ! »

Courbet ne pouvait vivre sans Toussenel. C’était à un café de la rue du Bac qu’ils prenaient ensemble leurs repas lorsqu’ils étaient à Paris.

Toussenel proclamait très haut qu’il avait pour moi une grande passion, que j’étais à la fois grecque et gauloise. Je l’appelais « mon amoureux ». Il m’écrivait des lettres délicieuses, parfois attiédies, parce qu’on lui disait méchamment que je me moquais de son adoration un peu mûre.

Je choisis la première venue parmi ses lettres, Elle commence ainsi :