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athénienne ici présente, qu’un culte en art : la recherche de l’éternelle beauté.

— La beauté, répliqua Courbet est un accident dans la vie et une convention restreinte dans l’univers. L’art chinois, l’art japonais, sont des arts, et cependant ils n’expriment ni ton divin, ni ta beauté. Moi, je dote mes animaux d’une âme ? Qu’est-ce que tu me chantes ? Je leur mets des désirs dans le ventre et dans les yeux et des appétits dans la gueule, je les fais vivre, quoi ! »

Successivement Eugène Nus, Victor Hennequin, Leconte de Lisle, étaient entrés, écoutant Toussenel et lui prêtant main-forte.

« A quoi sert votre folie de la beauté dans un monde laid, archi-laid ? reprit Courbet. Vous me répondez, Hennequin, vous me dites, Nus, que c’est lavant-goût du divin. Le divin, l’autre vie, en voilà une blague ! ce qui meurt, meurt. La mort est un étranglement qui fait faire une vilaine grimace, je ne connais que ça.

— Espèce de brute, cria Toussenel qui domptait Courbet comme on dompte un fauve, je te dirai, moi, ce que c’est que la mort. Je l’ai souvent écrit, mais tu ne lis pas ! La mort, c’est la libératrice au cou de laquelle nous devons sauter avec la joie d’un captif qu’on délivre. Tu me croiras si tu veux. Je suis mort une fois et je n’ai été rappelé à la vie que par miracle. J’ai entrevu les cercles d’or par lesquels on passe en quittant une existence honnête. À