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les oiseaux ? Ce qu’il y a de mieux dans les deux livres de Michelet sur l’oiseau et sur l’insecte, c’est ce qu’il m’a emprunté. Je ne lui reproche qu’une chose : c’est de ne m’avoir pas entièrement copié, pendant qu’il y était. Si je vous lisais certaines pages de Michelet et certaines des miennes, vous verriez que le démarquage est ou cynique ou naïf, comme on voudra. Non, ce citadin aveuglé par les réverbères, qui a la prétention de peindre le ciel étoile des grandes plaines, cet habitué du Luxembourg qui nous parle d’horizons infinis, je ne puis l’admettre. Il ne connaît bien, je vous l’assure, que les pierrots mal éduqués et gavés par les moutards de la place Saint-Sulpice et les moustiques de la Seine. »

En partant, Toussenel me demanda si j’allais, le lendemain, à la rue de Beaune. C’était le jour des amies de notre vieille Beuque.

« Oui, lui dis-je, et je vous donne rendez-vous ; mais ne partez pas pour la chasse.

— Dieu m’en garde ! Pour une fois je me ferai alouette et me laisserai prendre au…

— Miroir de mes yeux, n’est-ce pas ?

— Comme vous dites. »

Quand j’arrivai rue de Beaune, quoiqu’on ne parlât pas du 2 décembre, Toussenel était fort en colère. Il discutait avec Courbet. Ayant comme moi le culte de la Grèce, il adorait la Beauté en art, et Courbet venait de se moquer lourdement des « Beautalistes » huchés