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ment les pièces de gibier tuées et il chantait tout ce qui a une parcelle d’existence.

Un soir, dans le salon du docteur Ivan et de Mme Reybaud, la seule autoresse qu’on peut de loin comparer à George Sand, Toussenel fut quelque peu cruel pour Michelet.

J’avais été amenée dans ce salon très littéraire, une première fois, par Arlès-Dufour, le docteur Ivan restant, comme mon vieil ami, saint-simonien. J’y retrouvai, un soir, le Père Enfantin et la belle dame qui l’accompagnait partout ; Charles Didier, l’auteur de la Rome souterraine, était là, déjà inquiet de la liaison de sa femme et de M. Rey. Protestant austère, il ne voulut pas provoquer son rival et se fit sauter la cervelle lorsqu’il eut la conviction d’être trompé. Le père Hue nous passionna pour les Chinois avec une verve extraordinaire. Sa façon de conter faisait revivre à nos yeux ce qui avait vécu sous les siens. Ses récits sur la sagesse chinoise me donnèrent l’idée première de mon Mandarin.

Toussenel, provoqué par une interrogation du docteur Ivan à propos de l’Oiseau de Michelet et d’une affirmation que jugeait inexacte le maître de la maison, répliqua :

« Comment voulez-vous qu’un observateur en chambre et en bibliothèque puisse connaître