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par une question sur Pierre Lafitte, l’exécuteur testamentaire d’Auguste Comte.

On imagine si j’étais tout oreilles aux premiers mots, et, comme Littré et Dupont-White m’interrogeaient à propos d’une réflexion faite par moi prouvant que j’avais lu, au moins en partie, les « lourds volumes », je répondis bravement :

« Je n’ai pour Auguste Comte ni l’admiration après triage de M. Littré, ni la bienveillance de M. Dupont-White après interprétation de Stuart Mill. Je trouve le positivisme matérialiste désagrégateur de nos moralités traditionnelles, et le comtisme d’un idéologisme plat.

— Et c’est tout ? demanda Dupont-White en riant.

— Non, mais les autres griefs me sont personnels, et je ne les fais pas entrer en ligne. Ce sont des griefs de ménage.

— Si j’avais trouvé mieux que le positivisme, me dit Littré avec sa douceur habituelle, en si grand contraste avec la dureté de ses traits, si je connaissais une autre doctrine ayant cette tenue philosophique, historique et scientifique avec moins de lacunes, je l’adopterais. Je ne m’entête jamais. Allons, madame, exposez votre système si vous en avez un.

— Je le cherche, répondis-je, mais si je le trouve, monsieur Littré, ce n’est pas vous que j’essaierai de convertir. Nous ne nous rencon-