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Auteur d’un livre d’une haute compétence : L’Individu et l’État, Dupont-White aimait à parler de ses projets. Chaque fois qu’il publiait un article, ce qu’on appelait ses paradoxes provoquait d’ardentes polémiques.

Dupont-White possédait au suprême degré la « sapience » normande faite de sagesse et de savoir, mêlée de sens pratique.

Comment ne pas m’être souvenue, plusieurs années après, de cette exaltation de leurs deux enfants, de son fils aîné, par Hippolyte Carnot, de sa fille aînée, par Dupont-White, au moment où tous deux nous apprirent qu’ils les unissaient. Et ce fut le mariage heureux, entre tous, de deux esprits supérieurs, de deux âmes nourries de patriotisme, de deux intelligences alimentées de savoir, de deux cœurs restés ineffablement purs, que le mariage de M. Sadi Carnot et de Mlle Dupont-White.

Littré lui aussi pouvait sourire en entendant ces heureux pères parler de leurs enfants préférés. Ne vovait-il pas un bonheur semblable dans sa maison ? Mlle Littré n’était-elle pas une personne d’une valeur morale et intellectuelle rare ?

Dupont-White, très lié avec Stuart Mill qu’il glorifiait en toute occasion, ne cessait à chaque rencontre d’attaquer le matérialisme de Littré, et c’étaient des discussions sans fin.

Carnot, ex-saint-simonien, occupé lui aussi de philosophie, mit bientôt le feu aux poudres