Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IIO MES PREMIERES ARMES photographie, qui un beau jour tenta Léopold Flameng, alors qu’il terminait un médaillon de Mme  d’Agoult universellement admiré, et il a répété souventes fois de ce médaillon et de ma gravure : « Ce sont mes deux chefs-d’œuvre. »

« J’ai à dîner, la semaine prochaine, Littré, Hippolyte Carnot, Dupont-White, Tribert, Ronchaud et… vous, mon enfant, me dit Mme  d’Agoult. Je sais que chacun de nous sera enchanté d’avoir pour voisins les autres, ne manquez pas. »

Manquer un tel dîner, non ! Littré m’inspirait une sorte de culte ; il disait avoir pour moi de l’affection. Nous parlions de la Grèce, et ma passion pour elle l’amusait. Combien il me révéla de choses nouvelles sur l’Iliade que mon père et moi nous n’avions ni comprises, ni devinées. Littré, outre sa direction de la Revue positiviste, continuait sa traduction des œuvres d’Hippocrate, qu’il ne devait finir qu’en 1861.

Il aimait beaucoup Mme  d’Agoult, la netteté de son esprit, sa haute compréhension des idées les plus abstraites ; son milieu intime aussi lui plaisait, sauf M. de Girardin. Comme tous les anciens rédacteurs du National, lui non plus ne pouvait oublier la mort de Carrel.

Je n’ai pas connu de caractère supérieur à celui de Littré, d’intellectualité plus soucieuse de loyauté et de logique, de conscience plus haute, de cœur plus simplement dévoué, de convaincu plus tolérant. Tout ce dont les prin-