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On disait George Sand à Paris. Ma plus grande ambition était de la connaître. Elle m’avait fait dire par Charles Edmond qu’elle songeait à me remercier personnellement du plaisir que lui avaient fait mes Idées anti-Proudhoniennes.

Un jour, je reçus la lettre suivante :

« Madame,

« Je vous prie de vouloir bien permettre que je vous voie jeudi à deux heures. Je sais que ce n’est pas votre jour et c’est pourquoi je l’ai choisi. Je suis chargé par George Sand de vous remercier du livre que vous lui avez envoyé et qui, vous en jugerez par ce que je vous dirai, l’a fort intéressée. Si vous ne me répondez pas, je conclurai que ma visite est agréée.

« Veuillez recevoir, madame, etc.

« Capitaine d’Arpentigny. »

À l’heure dite, entre brusquement le capitaine. Il m’a tout l’air de venir, non en porteur de compliments, mais en fureteur. J’éprouve, dès le début de l’interrogatoire qu’il me fait subir, une grande irritation contre lui et une vague gratitude pour celle qui, déjà, s’occupe de moi au point de me faire poser tant de questions.

« Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? me demanda le capitaine. Aimez-vous votre mari ? Que fait-il ? »