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à l’italienne, nous assure qu’à Florence on est plein d’espoir depuis la lettre d’Orsini et que Napoléon III ne cesse de donner des gages à la cause italienne ; « cette cause admirable qui réunit, ajoute M. Floquet d’une voix éclatante, un souverain traditionnel de la maison ducale la plus vieille d’Europe, Victor-Emmanuel, un chef de guérilla, Garibaldi, un révolutionnaire audacieux, Mazzini, un homme d’Etat le plus grand diplomate de l’univers entier : Cavour ! »

Nefftzer, Texier, sont à côté de moi. Nous échangeons des goguenardises peu dissimulées. Hippolyte Carnot, Littré, Dupont-White, les yeux arrondis, s’entre-regardent stupéfaits et ont l’air de dire : « Où allons-nous si les « jeunes Olliviers » ont cet aplomb ? »

Floquet à cette époque se proclamait fils de Robespierre. Dès qu’on parlait devant lui de la Révolution de 1793, il en devenait instantanément l’avocat, se dressait à une barre imaginaire, et d’une voix qu’il travaillait beaucoup et qui sonnait comme un clairon, il discourait pour quelques auditeurs, aussi éloquent et aussi bruyant que pour une foule. Les massacres de septembre trouvaient en lui un défenseur dramatique. C’était là le caractère public de Floquet, et on l’eût pris dans le monde pour un parvenu mal éduqué, pour un républicain converti de la veille, faisant à son tour du prosélytisme outrancier.

« Or, nous disait Adalbert Philis, si fin,