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tique une sorte de mémoire destiné à être communiqué aux assidus du salon. Chaque réunion avait ainsi son intérêt d’autant plus grand que ce salon n’était pas fermé à ce qu’on appelait nouvellement : l’opposition constitutionnelle, ni même aux jeunes « petits Olliviers » qui croyaient, eux républicains, à la possibilité d’un Empire libéral, comme leur chef, gendre de Mme  d’Agoult. On aurait eu cependant grand’peine à faire avouer à certains d’entre eux qu’ils consentiraient à s’y rallier un jour.

Je me rappellerai toujours la présentation de Floquet par Adalbert Philis. À cette époque M. Charles Floquet avait l’apparence du poseur le plus stupéfiant qu’il y eût sous la calotte des cieux.

Mme  d’Agoult, lorsque nous arrivions de bonne heure, nous intimes, nous confiait ce qu’elle appelait les surprises. Elle nous dit, ce soir là, avec une feinte gravité :

« Nous aurons Floquet, sans son légendaire chapeau sur la tête, hélas ! »

On sait que le chapeau de Floquet était célèbre. À l’heure annoncée, il entre, précédé d’ Adalbert Philis, qui le présente à Mme  d’Agoult, toujours assise a la droite de la cheminée. Au bout de cinq minutes, Floquet parle haut, il discourt, fait les demandes et les réponses, tient sa main droite dans son gilet, nous apprend que, comme Mme  d’Agoult, il est lié avec les Peruzzi de Florence. Il roule l’r du nom et le prononce