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rardin ayant été la première à la recevoir après son retour à Paris et sa rupture avec Liszt, les salons aristocratiques lui étant, bien entendu, fermés.

On ne rencontrait guère Hippolyte Carnot, Jules Grévy, Littré, fort peu mondains, que dans le salon de Mme d’Agoult. Ils formaient un groupe à part, auprès duquel je me glissais, écoutant avec un grand respect et force profit les discussions qui s’élevaient entre Carnot et Littré. Ces discussions étaient toujours provoquées par l’un des plus grands remueurs d’idées que j’aie connus, par Dupont-White, et elles avaient pour moi un intérêt extraordinaire.

Mme d’Agoult tenait en amitié et en estime particulière ceux qu’elle appelait ses « jurassiens » : Jules Grévy, son conseiller, et Louis de Ronchaud, l’un de ses plus intimes, qui habitait, non loin de Mont-sous-Vaudrey, en été, sa terre patrimoniale de Saint-Lupicin, par Saint-Claude, que Mme d’Agoult appelait Lupicin par Claude.

Daniel Stern parlait plusieurs langues, chose peu commune à cette époque. Son esprit très élevé, très mûri, très personnel, avait une culture rare. Curieuse des autres, elle se livrait peu. Ferme, résolue, parfois entière dans ses opinions, nulle ne pratiquait plus sincèrement qu’elle la tolérance.

À première vue Mme d’Agoult avait quelque chose de viril, de fort, mêlé à une distinction si