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99. LE sianmzxr Nom · toisie. Etre trop poli, c’est s'accoutumer à la conces- sion, à la lâcheté, à l’hypocrisie, a toutes les faiblesses qui, lentement, débilitent notre espritd’agression, de supériorité. Au contraire, l'arrogance impose à ceux obligés de la subir une avantageuse idée de nous, si véritables que soient leur haine secrète et leur rébel- lion contenue. Ma force réside en ceci que je sais ne m’apercevoir nullement des reproches insinués par voie d’allusi0n. ou masqués par un air facétieux. J`ai toujours affecté la sottise là-dessus. Je ne comprends rien, a demi-mot, de ce qui peut m’être hostile. Et, comme il y a peu de gens assez courageux, ou assez mal élevés, pour employer la colère, je demeure presque toujours maître du terrain. Déjà je l’étais à Keryannic. Ayant demandé la permission de faire quelque toilette avant le déjeuner dont je critiquai l`heure tardive, je montai dans mes appartements. Anne-Marie avait débouclé les valises. La chaleur était grande. J`hésitai à revêtir le pyjama dc soie bleue que j’endosse chez moi par de telles températures. Cela choquerait, sans doute, les dames. Mais ne convenait—il pas de les choquer aûn de leur découvrir combien je suis un mauvais esclave? M··*° Goulven ne se risquerait point a me froisser en me priant de changer mon costume, p`uîsqu'elle attendait de moi la manne de ma bourse. Espérant la commandite, le docteur réprimerait son irritation. Je pouvais me conduire en goujat impunément. Restait madame Hélène de qui les sympathies étaient à conquérir. Cette désinvolture lui semblerait-elle d’un maître, d’un homme simple, ou d’un malappris? A ma faconde de lui laisser la premiere de ces opinions. Il me plaît d’aborder l’obstacle difficile. Volontiers je