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LE sunrianr Nom 91 de Lyon, tout expres, sur un vieux modèle breton. — C’est cher et trop précieux pour les fumeurs, —— décidai-je, agacé, car j’ai l’horreur d’un certain luxe qui contrarie nos aises par les soins qu’il exige. lilm Goulven perdit de sa gaieté. Doucement, elle m’avertit qu’à l’ordinaire le docteur fumait sur la terrasse. Je rabattis cette prétention de me le'faire imiter. Puisque je payais pension,- j’étais libre de choyer mes manies. Je répondis, assez brutalement, en homme qui veut dicter le ton de son protocole: -—- Moi, j’aime fumer a l’intérieur, dans un bon fauteuil ou l’on s’étale bien... Qa ne vous gêne pas? Les yeux effarés, elle m’autorisa. Je n’ai jamais consenti à modiüer mon caractère en abdiquant quelques—unes de mes habitudes_essentielles. Elles Fentretiennent en vigueur. Bien remplir un fauteuil la pipe en bouche, cela me confère, aupres des personnes timides, une majesté dont il est bon que je me Ilatte, si j’entends persévérer dans ma coniiance en moi. Voilà des regles auxquelles je ne saurais déroger, quelles que puissent être ma compassion et ma sympathie pour ceux qui souffrent de mes licences. Devant passer plusieurs semaines chez les Goul- ven, j’entendais, tout d’abord, établir les bases cer- tainesde nos relations. Il seyait qu’ils les approu- vassent en se résignant à ne les point critiquer. Ainsi j’avais su, durant cette première heure, dissuader l’un de me rabattre les oreilles avec son espoir de commandite, et démontrer a l’autre que je comptais jouir de mes commodités en son logis. Je tiens pour indispensable d’épargner tout avilissement, aux manières dont l’usage trempe nos facultés de victoire; cet avilissement fût—il commandé par la stricte cour-