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— Oui, ma chère, il s’occupe d’accroître son

adresse, sa force, sa personne, fût—ce au détriment de la vie universelle. · - Mais oui. La sensibilité atrophie la vigueur parce qu’elle limite les énergies de l’action. Elle nous rend pitoyables, peureux, inlirmes d’àme... N’est—ce pas votre avis? —— Non, _oh ! non, -— dit courageusement l\l*“° Goul- ven. — Je crains mon égoïsme. Je refuse de nuire f en lui obéissant. ` _ _ , —- Vous allez pourtant nuire à la langouste achetée par vous ce matin pour être cuite et 1nangée!... -— Nous cédons à la nécessité de nourrir notre corps... Ce n’est pas un meurtre inutile. ·' — Et moi, je cède a la nécessité d’accroître mon adresse, en l‘exerçant sur des bêtes dont la chair est insipide. Prouvez-moi donc, chère madame, qu’il est permis de nourrir le corps, cette humble matière, et non pas d`accroître son adresse, cette qualite spiri- tuelle. Vous donnez le pas à la matière sur 'l’esprit. Cequi reste discutable. — Vous raisonnez comme un diable logicienl —

répondit—elle en riant avec tristesse.

Mais elle se trouva sans riposte. Nous rentrâmes. Nous nous assîmes dans le salon. Son mari regardait mon fauteuil. Je nfaperçus de la cendre qui, tombée de ma pipe, souillait le lampas du siège. En chassant, par mes pichenettes, cette poussière de feu mal éteinte, je m’excusai : · — N’ai—je rien brûlé?... Non. Je serais navré. Cette étoffe vaut bien quarante francs le mètre. —·Cinquante, monsieur, ~— rectiiia M*“° Le Guenn. ·- Nous l`avons fait tisser autrefois dans une fabrique