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LE snarnxr nom 89 m’avaient trop diverti pour que j’eusse pu contempler tranquillement le décor. .l’ai toujours préféré le spectacle des hommes et de leurs passions à celui des paysages sublimes. Seulement alors je remarquai la féerie. C’était le retour de la pêche. Aux cent mâts des barques ancrées sous la terrasse, se déployaient, se gonflaient les üns tissus bleus des ülets a sardines. Canevas diaphanes derrière quoi transparaissaient la mer d’émeraude laiteuse, et le cap abritant la rade pleine de ‘cris joyeux. Des pêcheurs s`appelaient, débarquaient, escaladaient les éboulis de rocs, avec leurs paniers de poissons luisarits. Aux balcons des maisonnettes roses, pourvues de jardinets, leurs femmes jet leurs ülles questionnaient sur la pêche. _ D’autres ülets d’azur étaient encore hissés vers les cimes des mâts, pour s’enfler au vent contre les clar- tés du ciel. On eût dit que cette flotte de théâtre allait tout a l’heure emmener, vers les îles légen- daires, des équipages de sylphes et d’ondines,si la brise soulllaît plus dans ces voiles translucides. Entre les nues de neige, le soleil se jouait, se `cachait, ressuscitait, animait, par des alternatives d’ombres douces et de lumières intenses, l'étendue variée des eaux et les ailes battantes des`goélands. 4- J’aîmerais beaucoup chasser de ces volatiles, madame, - souhaitai—je, oublieux du panorama, car leur essor encerclait la haute bouée rouge üxée sur un récif, a notre gauche.- Est—ce que votre mari tire bien? — Oh! nous n’aimons pas voir les oiseaux agoniser tout sanglants. — Moi, je ne m'occupe pas des oiseaux. Je m’occupe de mon adresse.