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U LE SERPENT nom _, 85 ll me toisa de telle- sorte que je m’attendis à des injures. On ne m’intîmide pas. Nous étions arrêtés devant la porte-fenétre qui mène au salon de Keryan· nic..le le pris à la taille,avant de franchir le seuil, par _ un geste camarade qui lui lit frissonner le dos. Je sa- vourai le triomphe de penser : « Cet homme m’appar- tient, à moi, Guichardot. » Nous nous installàmes dans les fauteuils d’une salle Louis XIV qui ne manque pas de galbe. Goulven était tout menu dans le large meuble fait pour les ha- bits des mousquetaires et les perruques amples des courtisans qu’attira, dans ces lieux, la fortune légendaire du surintendant Fouquet. Mon hôte passa les mains sur sa figure, puis déclara d’une voix mépri- sante : · —— Il faudra bien que je lance aussi mon Régénéra- teur Guichardot. Ce sera le Sérum Goulven!... Voyons : ça peut t’intéresser, toi, l’agent des Pro- duits phailmaceutiquesn. _ Il daignait enlin me tutoyer. .le me carrai dans le meuble antique. Sur mon ge- nou droit, je ramenai ma jambe gauche pliée, en sai- sissant, pour l’empêcher de glisser, le bas de mon pantalon. Apres deux`ou trois bouffées de pipe, je i réduisis sentencieusement à peu de chose les illu- sions qu’il bâtissait sur sa trouvaille. Le conflit entre notre Commission des Comptes et notre Conseil d’ad- ministration m’obligeait à la réserve. -— Qu’un médicament soit bon ou mauvais, — lui représentai-je, — cela n’a qu’une importance relative. ` Avant tout, il est nécessaire que la fabrication ne 'coûte rien ou a peu pres, si l‘on entend gagner : les pharmaciens exigent des remises énormes. Toi, je te