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P LE SERPENT Nom I 69 Les malices de l’esprit me paraissent, en général, assez pauvres, et je u’approuve pas la méchanceté des calom11ies inutiles: c’est du temps perdu que. de juger i ~ ses contemporains; et il faut être bien sottement va- uiteux pour se croire équitable. A Pélégauce je n’attri- · bue qu’une valeur accessoire. ~ Trois passious qui, de vingt a quarante ans, trou- blèreut ma vie furent exclusivement suscitées par des femmes souveraiues dans leurs milieux. J ’ai sincère- ment aimé la fille d’un adjoint-au maire. Il me procu- -·ra le monopole de quelques fournitures municipales. Elle est ma femme, .l’ai fait deux ou trois bêtises, pour Clarisse Gaby, la coniédieune de l’Odéou, chez qui j’ai rencontré le baron Vogt. La charmante fille! Et quel eutregent! Vogt a pris cinq cent mille francs d’actious émises par notre Compagnie, et j’ai touché une jolie commission sur l’afi`aire. Clarisse eut ses épiugles, carj’étais fou d’elle. Enfin j’ai été l’assidu ' de M*¤° Rachel Roseuthal, qui mourut si tragique- ment, l’année dernière, quand son automobile eut fait panache, uou loin de Bourges. Toutes trois me témoi- gnereut de ces affections iudiscutables que les résul- tats, au moius, consacrent. Vous souriez? Vous'avez tort... Vous avez tort. Pourquoi juger moins noble l’amour qui crée une énergie, fût-ce sous la forme d’uue affaire? Pour- . quoi lui préférer la passion stérile eu idées, le triomphe tout uu d’uu sentiment obscur et, apres tout, animal? Pourquoi est-il plus généreux de trahir l’ami dont nous persuadons la femme, si nous le faisons afin de contenter uniquement nos instincts sexuels; et pour- quoi est-il moins généreux de le trahir si, de la, nous j ·tirous un moyeu dlassurer uotre actiou sur les