Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE saumur nom 65 ·tlétries battaient plus vite contre les regards anxieux de cette ch_ose divine attendue par tous les rêves, par tous les espoirs, au fond des campagnes, dans les chapelles, dans les 'églises. * v Madame Hélène dit à sa belle-mère que chacun de ces Bretons perdait, en ce moment, son âme indivi- duelle, qu`une âme totale, immense, une seule âme de foi émanait de tous ces rêves ivres, qu’ils étaient un seul esprit, sensible, sinon visible dans l’air vif secouant les brides empesées des coiffes et les longs velours des chapeaux. L’illusion se déterminait. Moi-même, je me plus a Faffermir. 'Je récitai à ces dames la maxime de Nietzsche: « Ce n’est qu'un préjugé moral de prétendre que le vrai a plus de valeur que l’apparence... Il n’y a point de contradiction essentielle entre le vrai et le faux... Ne suffit·il pas d’admettre des degrés dans l’apparence, en quelque sorte]: des ombres plus claires ou plus obscures..., des valeurs diverses _ pour parler le langage des peintres? Pourquoi le monde qui nous concerne ne serait—il pas une fic- tion?... Et, des lors, pourquoi chasser certaines fictions, introniser certaines autres?... » Et je louai le docteur de goûter la fiction religieuse jusqu’à pâlir, et jusqu’à s’incliner·très bas au passage du cor- tège. - M'“° La Revellière, en bonne républicaine, haussa les épaules. Elle réclama la vérité pure de Voltaire. Je lui répondis que c’était une chose bien délicate à définir entre tant d’autres vérités plus anciennes et plus nouvelles, entre celles d`hier et de demain, celle de Pascal, et celle de 'Darwin. Mais brusquement la foule, autour de nous, surgit, se rédressa, s‘élança . _ 4.