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44 LE SERPENT Nom » de cauchemar. D'autres [illes llaccompagnaient. En haut de leurs fronts une étroite petite mitre de gui- purse cachait le point ou s’attache la chevelure relevée depuis la nuque, etlissée par dessus les passementeries orientales du bonnet. Goulven nous instruisit sur cette race de Penniarch, de Pont-l’Abbé, la plus an- cienne sans doute de l’Armorique; car elle garde en- core la vêture colportée par ses aïeux conquérants, aux âges des invasions celtiques, depuis les plateaux d'Asie ou l’on retrouve ces broderies sur les épaules de l’lnde et ces mitres sur les têtes de la Chine. Derrière ces ülles qui s'entTonçai·ent dans le peuple des fidèles, nous nous poussâmes, heurtantquelques vieilles écroulées entre leurs béquilles, quelques vieux ébaubis,ébranlés, qui dressaient leurs têtes du moyen âge, glabres etfaméliques, parmi les velours noirs de leurs eucolures. Faces maigres, couturées, rasées, membres lourds et carcasses décharnees en vestes de _ Céladons, en pantalons collants ou bien en culottes bouîfantes et guêtres espagnoles, ils allaient .à la file, Ie chapeau contre le ventre, le rosaire aux doigts gourds. Ils allaient vers les chants virginaux de 'l’autel, qui montaient jusqu'aux altitudes des voûtes successives. Ils allaient aux buissons de cierges in- cendies, vers les hautes croix d’argent queles diacres inclinaient pardessus les mouvements inûnis des · Goitles blanches, des tiares. noires, des bonnets a paillettes, des roides hennins, des petites mitres empe- sées. Au passage de madame Hélène les paysannesdé- féreutes et craintives, se reculèrent. Bientot M"" Goul- ven nous atfirma qu’elles la eomparaient elïectivement à Dahut. La sirène présente avait une toque de goémons et d’algues noirs parfaitement imités parles