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toutes les croyances, je me sîgnai franchement. Je ne partage pas le dédain de Nietzsche à l’égard du chris- tianisme. C’est une philosophie très saine, ala portée de tous, et qui vaut bien tant de métaphysiques obs-— cures et contradictoires. La vigueur de l‘Église domina l’occident du vieux monde, enfanta sa civilisation et celle des deux Amériques actuelles. Il est un peu bizarre de conclure que c`est la une religion de fai~ I bles. Moi, je ne considere que les faits quantifîables. Or, apres la civilisation sémitique d’lsis et l’hellénique de Zeus, celle du Christ a, ce me semble, accompli la plus énorme tâche de nos annales, en convertissant aux lois sociales les barbares des invasions. L’œuvre n’est pas moins considérable que celle du capital industriel, ce successeur du christianisme et qui transforme au- jourd’hui la vie du monde. Voyez-vous : les prêtres de Memphis, la légion romaine, le clergé catholique et h les trusteurs yankees, ce sontles quatre grandes élites qui ont réellement manié et qui manieront les sièclesl.;

Je m’exténuais a séduire l’intelligence de madame Hélène en lui chuchotant ces opinions,lorsque sa fille se blottit contre elle.-L’enfant_dét0urnait la tête ; elle s’effrayait d’une Bigoudine en oraisons. -Un morceau I de sparadrap remplaçait, au milieu de cette figure, ~ le nez qu’un chien ou qu’un abcès malencontreux avait dévoré. Chose fantastique, au reste, que cette svelte fille droite dans son corsage noir, aux hiéroglyphes de soie jaune, dans ses jupes ballonnées autour d’une taille ferme, et qui priait avec toute la ferveur de sa face, large, fauve, sans_ narines. Le contraste entre la vigueur du corps et l’horrible aspect du visage donnait à cette paysanne une singulière apparence