Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
40
LE SERPENT NOIR

bras les larges manches à parements de velours. Il secouait les vitres des auvents mi-clos devant les vieilles boutiques de la place que fermait, au fond, l’église de Sainte-Anne, énorme, où des musiques sonnaient. Par de là. le porche ouvert et la foule obscure, mille lumières rousses, mille cierges révélaient les perspectives des piliers successifs, des arceaux, des clefs de voûtes, et les rangées étincelantes de tuyaux d’orgue, au fond du chœur, après la série des lampes liturgiques.

— Voyez, le vieux culte du feu, de l’Agni, du Pur, l’Agneau de Dieu, qui se perpétue à travers les religions ! — me dit Jean Goulven, cessant de m’endoctriner sur les merveilles de son sérum. — Voilà. pourquoi je suis heureux d’être catholique. Le rite demeure pareil à ceux des plus anciennes civilisations aryennes. Je veux ici penser comme les ancêtres lointains de mon esprit.

Et, fébrile, il me récita le credo banal de ces néochrétiens qui découvrent, sous les phrases de 1a Bible et des Évangiles, un sens imaginaire, grâce à. quoi la cosmogonie de nos modernes astronomes, les théories de Darwin sur l’origine des espèces. semblent prévus par le Pantateuque et Moïse ; grâce à quoi, Adam devient l’animalité en progrès ; Ève, la faculté d’évolution ; Abel, la force centrifuge ; Caïn, la force centripète ; Dieu le Père, l’Ensemble des Forces inconnues, causes de la vie ; le Fils, l’humanité savante devant ces Forces ; et le Saint-Esprit, le simple processus de la mentalité depuis la conscience de l’amibe jusqu’à la philosophie de Hegel ; cependant la Vierge—Mère symbolise l’identité des contraires, d’où naît l’Absolu ou le Messie, science future qui