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390 `LE sauveur Nom qu’il se· repose?..'. Tes travaux, laisse-les... Plus tard... —— Je n’ai pas le droit de laisser mes travaux, — interrompit-il sans tourner vers nous la tête, ¢—— c’est l’unique voie de salut... Ai—je le droit d’abandonner ces recherches qui peuvent sauver des multitudes... bientôt, demain... Si demain je trouve... — Est-ce un devoir` plus haut que de conserver nos ·deux vies, mon pauvre bonheur,.. nos deux vies côte à côte Est—il un devoir supérieur, Jean? ` -— Peut—être! —- avoua·t-il assez rudement pour que le vent n’étouffàt pointsa réponse. Je crois que je n'0ublierai plus cette heure. _ M“‘° Goulven était assise, a l’abri du froid, sur un pliant du bord, dans le coin formé par l’angle des balustrades garnies de leur prélart. Recroquevilléc sous une pélerine de bure écossaise, elle était une petite personne dolente,-menue, hagarde, que le roulis balançait avec le capitaine et sa roue, les chanteurs, les rieuses de l’avant, leur cuisine dont les oignons brùlaient, la cargaison de bois, les fines lignes des mats et de leur agrès, la proue pointue qui s’élevait parfois sur la crête d’une lame pour retomber en glissant dans la cascade écr0ulee... q Quelle peine sans égale trahit la victime l0rsqu’elle recommença de parler! Je m’étonnai qu’une salive de sang ne débordàt point de ses levres a chaque mot, tant il me parut que sa poitrine se déchirait avant qu’elle les pût dire. ' —— Pour ces milliers de vies alors, ces milliers de vies que tu sauveras,... peut—être..., il faut d’abord menager la tienne... Il ne faut rien négliger de ce qui fassurera le repos... Rien... Maintenant, j’écarte