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344- LE snnmzxr miâ Apres dix minutes de descente, par des gradins iuformcs et branlants, M"‘° La Revellière n’en pouvait plus. On fit baltedans un creux. A nos pieds, le flux se ruait vers unelarge et haute faille qui perce ajour la masse de la falaise. Gilberte se moqua du promontoire voisin : il a le profil exact dun moine couché, les pieds sur la mer, et le capuchon rabattu. Elle voulut manœuvrer sa jumelle photographique, et. avec le docteur, s’éloigna. Géant doux, naïf, le guide renseignait madame Hélène sur les Korrigans, sur les filles d’Ys qui fréquentent, a ce qu’il avoua, ces parages. Assurantnson béret, il emmena la voya- geuse pour lui montrer l’abîme dans lequel aiment se jouer ces êtres surnaturels. Malgré sa fatigue, M“‘° La Ptéveillère, curieuse comme une poule, les_ acconipagna. Des que je fus seul avec Mm Goul- ven, elle me demanda si j’avais convenablement songé au sort d‘Anne—Marie. Je m’en tins ai promettre mille francs, somme excessive, mais que la devote refuserait certainement. Je pouvais donc faire le géné- reux. ` — Mille francs, c’est peu de chose pour vous. Sa vie, c'est tout ce qu`Anne·Marie possede. Sans doute elle mourra, si, par votre faute, ses parents la ren- voientà la sardinerie. Et vous vous acquitteriez de cette dette moyennant mille francs? Vous feriez un bon marché ! Ah 1 ce que vous appelez l’amour n’est que le plus laid des égoïsines. ` ` — Je le crois aussi, -—-` répondis-je. —— L’amour n’a jamais été qu’un égoïsme ardent chezlès hommes aussi bien que chez les femmes. —- Je pensais que l’amour consistait dans le sacri- tice de soi pour le bonheur de l’autre.